Voyage au Japon 28 octobre – 12 novembre 2017
Après 12 heures de vol, le Japon nous accueille à Osaka sous une queue de typhon provoquant un déluge qui ne nous a pas empêché de parcourir des rues commerçantes et d’acheter des parapluies.
A première vue, ce pays où la population se concentre sur les 30% non montagneux de son territoire, connait une urbanisation débridée et envahissante qui se traduit par une prolifération désordonnée d’immeubles disgracieux dans les villes et par un mitage des espaces ruraux par toutes sortes de constructions éparses au milieu des champs de riz. Un réseau dense de voies rapides, ferroviaires ou routières souvent en surplomb, fend le tissu urbain en de larges circonvolutions et permet, à défaut de l’esthétique, une bonne desserte des divers quartiers de nature à fluidifier la circulation. Le train à grande vitesse Shinkansen que nous avons emprunté sur quelques centaines de Kms et qui file en droite ligne au mépris de tous les obstacles, est en tous points une réalisation remarquable.
Le sud de l’ile de Honshu, la plus importante du Japon, baigne dans la mer intérieure, étendue presque close, parsemée d’îles dont la plus emblématique pour les japonais est celle de Miyajima réputée pour son sanctuaire shinto, bâti sur pilotis et précédé dans la mer par un torii, portique à caractère sacré. Ce site est jumelé avec le mont Saint Michel. L’île de Naoshima est un autre lieu intéressant pour ses musées d’art contemporain érigés en pleine nature.
Mais l’endroit qui suscite le plus d’émotion est bien évidemment la ville d’Hiroshima où le point d’impact de la bombe atomique est matérialisé par les ruines déchiquetées d’un ancien édifice de promotion industrielle. Elles s’élèvent à proximité d’un parc mémorial de la paix où les noms des victimes sont gravés sur un cénotaphe. Un musée donne des explications sur l’arme atomique, sa nature et ses effets et présente des images très réalistes des ravages causés à la population.
Kyoto nous ramène en un lieu épargné par la guerre. Cette ville en damier, coupée par de larges perspectives, qui fut la capitale du Japon pendant onze siècles, recèle une densité culturelle telle que nous n’avons pu que l’effleurer durant un trop court passage. On évoquera cependant certains sites où s’épanouit l’âme japonaise : Le pavillon d’or entouré d’un parc admirable où le culte d’une nature teintée de couleurs automnales se reflétant sur des étangs parsemés d’îlots se marie parfaitement avec la spiritualité propre à ce pays mais aussi le temple Ryoan qui abrite un jardin Zen lequel, avec son sable ratissé et ses rochers savamment disposés, invite à la méditation contemplative. Le pavillon d’argent entouré d’une nature symboliquement organisée, participe également à ce culte Zen.
Le château de Nijo abrite un palais dont les salles richement décorées témoignent du raffinement et de la puissance des seigneurs du lieu, les shoguns. Enfin un parcours dans le quartier de Gion nous a permis de découvrir un habitat traditionnel homogène et d’apercevoir fugacement quelques gheishas revêtues de somptueux kimonos.
La ville voisine, Nara, qui fut la capitale au 8ème siècle, abrite des temples bouddhistes dont l’un, le Todî Ji est une colossale construction en bois contenant un Bouddha en bronze, de taille impressionnante. Un autre temple bouddhiste, le Horyu Ji est de la même veine tandis qu’un sanctuaire Shinto très ancien et décoré de milliers de lanternes s’harmonise parfaitement avec son cadre naturel.
La traversée de Honshu par les Alpes japonaises commence par kanazawa, ville intéressante pour ses quartiers traditionnels, la belle résidence d’un samouraî et un parc admirablement paysagé. Elle se poursuit par un village montagnard, shirakawago, célèbre pour ses maisons en bois, à toit de chaume et par Takayama, cité renommée pour son travail du bois, son palais et ses quartiers anciens. Elle s’achève par la traversée des vallées encaissées de la chaine montagneuse dont les forêts présentent, à cette époque de l’année, une variété de couleurs sublime. Plus loin, le château de Matsimoto, entouré de douves et s’élevant sur six étages avec ses sombres salles de gardes en bois est l’exemple même de l’architecture féodale japonaise à l’instar de la forteresse d’Himeji située à proximité d’Osaka que nous avons visitée au début du voyage. Après cela, l’étape suivante, fort prometteuse, fût une déception : Nous n’avons pu voir le mont Fuji, cher à Hokusaï, en raison d’un fort mauvais temps.
Tokyo, vu de la tour Skytree dévoile en toutes directions et à perte de vue son étendue de mégalopole dont le dense tissu urbain, surmonté par des voies rapides, est un mélange d’habitat de taille humaine et d’immeubles de grande hauteur dédiés à l’administration ou aux affaires, de ruelles étroites consacrées à la chalandise et de larges boulevards. Un réseau dense de lignes de metro dont les stations sont d’une propreté remarquable et qui sont animées par des commerces, dessert les divers quartiers dont chacun constitue une ville en soi. On retiendra celui d’Ueno pour son très riche musée national et son vaste parc, celui de Ginza connu pour ses magasins de grand luxe et pour son célèbre carrefour illuminé la nuit par des placards publicitaires gigantesques, de couleur criarde et parcouru par une foule grouillante, affairée et disciplinée et celui aussi de Shinjuku pour ses magasins d’électronique. Le quartier d’Omote Sando est renommé pour son sanctuaire shinto précédé d’un portique monumental, pour son avenue marchande entourée de grands magasins dont l’oriental bazar bien connu des touristes et pour le musée Ukyo qui présente les estampes des plus grands maîtres japonais. Enfin, on ne saurait oublier la vaste esplanade du palais impérial entourée de douves et l’ile artificielle d’Odaïba que l’on atteint après un parcours sur la rivière Sumida qui débouche sur un pont suspendu de dimension impressionnante s’ouvrant sur la baie de Tokyo dans un décor futuriste.
L’ambassadeur, M. Laurent Pic, nous a fort aimablement reçus à sa résidence pour évoquer, plus d’une heure durant et de manière documentée, la situation politique, géopolitique et économique du Japon et faire part des fructueuses relations diplomatiques qu’il compte poursuivre avec ce pays.
Après une visite de la chambre basse du Japon, d’un style austère, nous avons été reçus par M. Kawamura, directeur général adjoint de l’Europe au ministère des affaires étrangères. Il nous a brossé un tableau complet des relations du Japon avec ses proches voisins sans omettre d’insister sur les préoccupations causées par le développement atomique de la Corée du nord. Cet échange a été suivi d’une soirée amicale avec des anciens élèves japonais de l’ENA.
En définitive, ce voyage, organisé avec soin sur le plan matériel et conduit par un guide sympathique, nous a permis de découvrir un pays habité par une population accueillante, propre, disciplinée et travailleuse, riche aussi du poids de son histoire et de sa culture mais surprenant par les aspects modernistes de son développement.
Roger de Vernejoul
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