Contribution du Conseil d'administration de l'Association des anciens Élèves de l'ENA au Grand Débat National
Pour la confiance dans une fonction publique dynamique
au service de l’Etat et de nos concitoyens
C’est fidèle à l’idéal démocratique qui a présidé à la création de la fonction publique après-guerre sur les principes de compétences, continuité, intégrité et neutralité, que l’on peut refonder une fonction publique proche des citoyens et à même de répondre aux exigences de notre temps.
Diversifier encore les recrutements, décloisonner les services pour plus de cohérence d’action, pousser l’innovation utile et assurer la confiance par la neutralité des fonctions, voilà les évolutions qu’appuie l’Association des anciens élèves de l’ENA pour une fonction publique rénovée.
Nos concitoyens attendent davantage de résultats de l’Etat, pour garantir l’accès de tous à la santé, à l’éducation et à l’emploi, pour plus de sobriété et de détermination pour un développement durable, pour faire converger dynamisme économique, dialogue social, emplois qualifiés et équité des rémunérations, pour moins de normes et plus d’initiatives territoriales, enfin pour une société inclusive qui ne laisse personne au bord du chemin.
Nos concitoyens expriment aussi la volonté d’une autre relation à l’Etat, moins de solennité, moins de centralisation, plus de concertation, une meilleure prise en compte des situations de chacun, sans guichet qui stigmatise, sans barrage réglementaire inutile, sans avantage indu, sans discrimination…Droiture, neutralité et compétence sont reconnues y compris à l’international à notre fonction publique, à laquelle il est demandé plus de réactivité, plus de souplesse, plus de disponibilité…
L’Association des anciens élèves de l’ENA appuie sans conteste toutes les orientations et les mesures qui rapprochent l’Etat de nos concitoyens et souhaite que nos écoles de service public y contribuent.
Nous sommes convaincus que les écoles de service public, et l’Ecole nationale d’administration au premier chef, en lien avec l’INET, l’EHESP, Polytechnique et ses écoles d’application, l’ENM, l’Ecole de guerre, notamment, concourent à l’excellence du recrutement des futurs fonctionnaires en les préparant aux enjeux du service de l’Etat. Ces écoles qui s’inscrivent dans un deuxième ou troisième cycle de formation attirent un large vivier d’étudiants ou de salariés munis d’une première expérience dans le public ou le privé et qui souhaitent franchir une nouvelle étape professionnelle au service de l’Etat. Elles doivent rester attractives pour attirer parmi les meilleurs, ceux qui veulent servir l’Etat. Ils ne le font pas pour le salaire, ils ne le font pas pour le pouvoir, ils le font par passion du service public et de l’intérêt général. L’accession par concours est gage de compétences et de neutralité, la formation qui y est donnée est gage de continuité et d’intégrité du service public. L’engagement pour servir l’Etat à l’issue de la formation est gage de disponibilité et d’obéissance.
Les pouvoirs publics peuvent libérer les énergies de la fonction publique et exiger d’elle davantage à une condition essentielle : agir dans la confiance.
Dans le secteur public comme dans le secteur privé, manager les équipes requiert plus de réactivité et de concertation aujourd’hui qu’hier. La parité et la diversité à tous les niveaux sont un impératif de cohésion des collectifs de travail. On ne choisit plus un métier pour la vie. Les systèmes d’information révolutionnent les capacités et l’intelligence des traitements. Les risques d’intrusion dans les données personnelles sont démultipliés. Les progrès de la science interpellent les choix techniques et éthiques.
Toutes nos administrations sont concernées, qu’elles soient régaliennes, sociales ou locales, qu’elles relèvent de l’Etat ou des collectivités territoriales.
Il faut donc recruter puis former les managers publics tout au long de la vie, nos écoles doivent y contribuer, à chaque étape professionnelle, en coopération entre elles et avec le monde universitaire. Pour préparer les responsables de demain, il leur faut aussi renforcer leurs coopérations avec la recherche et les universités, lors des formations initiales et continues, pour peser sur les modes de conception, de révision et d’évaluation des politiques publiques.
Au-delà de nos Ecoles publiques, c’est le cadre d’exercice des agents publics qu’il faut faire évoluer. Il faut décloisonner, ouvrir des mobilités entre ministères, entre administrations centrales et locales, entre fonction de conception, de contrôle ou d’expertise et fonctions de mise en œuvre. Il faut permettre les allers et retours entre secteur public et secteur privé dans le respect des principes déontologiques, afin d’éviter tout soupçon de conflit d’intérêt et de garantir en tous temps et en tous lieux une stricte impartialité à l’administration. Il faut donner de vraies marges de manœuvre aux responsables publics, pour que des injonctions paradoxales n’inhibent pas leur créativité.
L’Association des anciens élèves de l’ENA souhaite contribuer à ces évolutions pour une fonction publique plus efficace, plus performante, plus adaptée aux attentes de nos concitoyens. Plus proche de nos concitoyens par son recrutement diversifié et ses capacités de dialogue et de management interne, elle saura convaincre les générations de la rejoindre pour servir l’Etat.
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