Portrait de Sabine Fourcade, Secrétaire générale des ministères sociaux.
Sabine Fourcade, Secrétaire générale des ministères sociaux
interviewée par ENA 50-50
Comment avez-vous conçu et orienté votre trajectoire professionnelle ?
Je n’ai jamais eu l’impression de concevoir un « parcours de carrière ». J’ai d’abord suivi mon goût pour les sciences humaines et pour les politiques sociales par des études en psychologie. J’ai trouvé cette carrière universitaire passionnante mais loin des sujets opérationnels. J’ai préféré la mise en œuvre des politiques sociales au service du public. C’est bateau mais le meilleur plan de carrière c’est de suivre ses envies !
Quelle a été votre expérience de l’égalité femmes-hommes dans la fonction publique ? Cela vous a-t-il donné envie de vous engager pour cette cause ?
Lorsque j’étais jeune, je ne me posais pas la question, ça n’était pas un sujet pour moi. J’ai été élevée par une mère féministe qui m’a toujours poussée à avoir une carrière professionnelle. Et puis j’ai eu mon premier enfant ! J’ai senti, à la fois individuellement et aussi dans le regard des autres, la difficulté pour une femme à conjuguer vie familiale et vie professionnelle. J’ai été très heureuse d’être déléguée interministérielle aux droits des femmes, ce qui m’a permis de m’engager concrètement pour l’égalité.
Quelles solutions recommanderiez-vous pour promouvoir l’égalité F/H dans la fonction publique ?
Sur l’ensemble des postes, à responsabilité ou non, il faut réussir à pouvoir concilier vie pro/vie perso. Une fois qu’on a dit cela comment fait-on ?
- D’abord être conscient des inégalités. Cela commence par documenter et chiffrer les différences de situation entre les femmes et les hommes : c’est tout l’intérêt des rapports de situation comparée maintenant obligatoire dans les bilans sociaux et de l’index « égalité professionnelle » obligatoire depuis le 1er mars dans toutes les entreprises de plus de 50 salariés.
- Ensuite lutter contre le présentéisme, en considérant tout aussi légitime une réunion budgétaire à haut risque et le spectacle de fin d’année de votre enfant. Cela vaut encore trop peu souvent pour les femmes (et pour les hommes dans l’autre sens). Mais accepter de partir ou de voir partir quelqu’un à 17h pour s’occuper de sa famille suppose aussi un profond changement de culture managériale.
- Enfin aider les mobilités, notamment géographiques. Ça n’est facile pour personne d’embarquer sa famille dans une autre ville, pour une nouvelle aventure professionnelle. Mais c’est objectivement encore plus difficile pour les femmes que pour les hommes.
Quels conseils auriez-vous souhaité recevoir lorsque vous avez démarré votre carrière ?
Un seul conseil : me dire que les carrières sont longues ! Il y a – et aura – plein d’opportunités qui se présenteront. La conciliation vie pro/vie perso peut se faire d’une journée à l’autre, mais également d’une année à l’autre ! J’ai par exemple réussi à alterner des postes opérationnels très exigeants avec des postes moins contraignants, et notamment à être à temps partiel lors des premières années de mes enfants. Autorisez-vous cela, mesdames, et aussi messieurs, c’est une ligne d’équilibre que je conseille à toutes et tous.
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