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Portrait de Kareen Rispal, Ambassadrice de France au Canada

Portraits

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06/05/2020

 Kareen Rispal, Ambassadrice de France au Canada   

interviewée par ENA 50-50                                                                                                                                                              

Comment avez-vous conçu et orienté votre trajectoire professionnelle ?

A vrai dire je n’avais pas de «  plan de carrière » prédéfini,  hormis la conviction que je voulais être diplomate. Et cela m’a aidé car n’ayant aucun chemin tout tracé, j’étais plus libre pour saisir les opportunités quand elles se sont présentées, que ce soit  dans d’autres ministères ou même dans le secteur privé. C’est cette liberté d’esprit, cette agilité qui m’a permis d’avoir une carrière atypique et riche d’expériences. J’ai été très encouragée par des «  mentors » rencontrés au fil des ans. Je les ai souvent interrogés quand j’avais des choix à faire.  Jamais je n’ai pensé qu’être une femme était un inconvénient ou un avantage, en tous cas ce n’est pas ainsi que j’ai construit ma carrière ! Par contre j’ai toujours veillé à viser l’excellence dans ce que je faisais.

Quelle a été votre expérience de l’égalité femmes-hommes dans la fonction publique? Cela vous a-t-il donné envie de vous engager pour cette cause ?

Quand je suis entrée au ministère des affaires étrangères, j’ai tracé mon chemin, postulé pour des postes exigeants, travaillé, construit une famille, avec une seule et  ferme conviction : celle de ne vouloir renoncer à rien ! Cela a été parfois sportif (élever 4 enfants en bas âge et faire du cabinet est un vrai défi organisationnel quotidien). Mais c’est vraiment quand j’ai été en situation de prétendre à des postes au top de la hiérarchie que j’ai perçu ce plafond de verre et découvert que les vieux réflexes corporatifs n’avaient pas disparus. C’est là où j’ai réalisé que la parité était aussi un combat collectif, et c’est d’ailleurs à ce  moment précis que j’ai été nommée Haute fonctionnaire à l’égalité du Quai d’Orsay. Par la suite je suis devenue première Ambassadrice de France en Amérique du Nord et membre du Conseil Consultatif à l’Égalité Femmes Hommes auprès du G7 en 2019.  J’ai créé un programme « Ambassadrice d’un jour » pour permettre à des jeunes femmes de s’identifier dans le rôle qui est le mien. Et je me suis empressée d’accrocher mon portrait sur le mur de l’Ambassade où figurent ceux de mes 27 prédécesseurs : ça vaut tous les discours !

Quelles solutions recommanderiez-vous pour promouvoir l’égalité F/H dans la fonction publique ?

Je crois qu’il faut avant tout donner envie aux femmes de postuler pour des emplois exigeants, de leur donner la garantie qu’elles pourront travailler et s’occuper de leur famille. C’est un contrat de confiance qu’il faut repenser, et repenser ensemble.  Aux femmes de démontrer que leurs performances professionnelles seront les mêmes que leurs collègues masculins, même si l’organisation de leurs journées est différente. A leurs employeurs d’être assez souples pour se concentrer sur le résultat et non pas le présentéisme. Il y a les quotas : ce n’est pas idéal, mais c’est sans doute un mal nécessaire, car les bonnes intentions ne suffisent pas. Et enfin il y a l’imagination, celle d’aller chercher des femmes dans d’autres viviers, d’autres sphères professionnelles. Elles amèneront la diversité et la créativité qui manquent à notre administration.

Quels conseils auriez-vous souhaité recevoir lorsque vous avez démarré votre carrière ?

Quand j’ai démarré ma carrière on ne parlait pas de parité. De ce fait, j’ai eu la chance ou l’inconscience de ne jamais me poser la question de ma carrière en tant que femme.  Je me suis toujours dit : je continue à tout faire (enfants et carrière) jusqu’au moment où je n’y arriverai plus. Et ce moment n’est jamais venu. Sans doute parce que je me suis débrouillée pour qu’il ne vienne jamais ! je crois qu’on trouve toujours des solutions. Alors mon conseil est simple : il faut de la passion pour ce que l’on fait, être irréprochable sur le plan des compétences, ne pas se mettre de limites, et  ….accepter de rogner sur ses heures de sommeil !


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