Chère camarade, cher Camarade,
La rentrée s’est déroulée sur un rythme accéléré pour notre Association. Tout d’abord, nous nous sommes retrouvés nombreux le 4 octobre dernier pour le colloque co-organisé par l’ENA et l’AAEENA sur le thème : « Demain l’ENA, dans une société numérisée ». La qualité des interventions a permis de mettre en perspective les enjeux pour l’ENA liés à la transformation numérique qui bouleverse les équilibres économiques, sociaux, culturels et administratifs de la société française. Comme cela a été rappelé lors des débats, nous sommes collégialement invités à repenser la vocation que l’ENA devra affirmer pour que celle-ci conserve toute sa légitimité au cours des vingt prochaines années.
Cette manifestation s’est tenue à un moment d’autant plus opportun que le 10 octobre dernier, le Directeur de l’ENA est venu présenter devant notre CA le plan de transformation qu’il souhaite mettre en œuvre pour donner un nouveau souffle à l’Ecole. Selon les propres termes de Patrick Gérard, l’ENA doit devenir à terme le centre de formation de tous les cadres dirigeants de l’Etat. Cette ambition nécessite de revoir le contenu des épreuves du concours d’entrée, mais également celui de la formation dispensée à l’ENA, aussi bien en formation initiale qu’en formation continue. Dans le prolongement de cette évolution, l’ENA devra s’ouvrir au monde de la recherche en management public en se rapprochant du monde universitaire.
Qu’il s’agisse de formation initiale, de formation continue ou de recherche, l’exigence sera la même : passer d’un modèle centré sur l’accumulation des connaissances à un modèle valorisant la maîtrise des compétences. Les évolutions technologiques sont en effet à l’origine de transformations dont les décideurs de demain sauront faire de nouvelles sources de création de valeur, à condition qu’ils soient eux-mêmes parties prenantes de ces changements.
Le plan de transformation présenté ne perd pas pour autant de vue l’équilibre des trois concours existants. A ce titre, il est temps de redonner au concours interne une véritable dynamique. L’Ecole a la volonté de lui rendre une réelle attractivité, sans en faire un concours au rabais, mais en revivifiant la vocation de promotion sociale qui présida à sa mise en place.
Dans le prolongement de cette intention, une seconde classe préparatoire va ouvrir à Strasbourg pour permettre aux jeunes issus de milieux défavorisés de préparer les concours administratifs.
Notre Association peut apporter sa pierre à cette ambition. Nous avons en effet noué des liens avec des associations qui s’impliquent auprès de milieux défavorisés que ce soit au plan social, économique ou territorial. A ce titre, dans le cadre de la convention que nous venons de signer avec l’Association Des Territoires aux Grandes Ecoles, je me suis engagé à me rendre dans un lycée de Moselle où celle-ci est présente pour rappeler que les métiers qu’offre le service public ne sont pas réservés à quelques privilégiés. Il appartiendra à ceux d’entre nous qui le souhaitent de se mobiliser pour consacrer un peu de leur temps à ce devoir citoyen.
Pour conclure, je voudrais répondre à deux critiques qu’on a pu lire ou entendre çà et là mais qui me semblent tout à fait injustes. La première revient à dire que le plan de transformation de l’Ecole serait le signe annonciateur d’un mouvement de repli. Cette critique revient à méconnaître la volonté de la Direction de l’Ecole de faire de l’ENA, soixante-treize ans après sa création, un acteur majeur des transformations qui bouleversent les équilibres issus de l’après-guerre et qui touchent aussi bien la sphère publique que la sphère privée. Ce projet n’est pas écrit à l’avance. Il sera ce que nous en ferons.
L’autre critique consiste à soutenir que l’Ecole serait menacée de faillite. Force est de constater que la baisse de la subvention de fonctionnement de l’Etat conjuguée au fait de supporter des charges indues a fragilisé depuis de nombreuses années les comptes de l’ENA. La mobilisation de produits exceptionnels liés à la vente de l’immeuble du 13 rue de l’Université a permis, dans les faits, de repousser l’épreuve de vérité à laquelle l’Ecole est désormais confrontée. C’est le mérite du Directeur en fonction de prendre le problème à bras le corps. Le retour à l’équilibre devrait être rapide compte tenu des choix qui sont annoncés en terme de réorganisation des directions et de recentrage des missions.
Vous l’aurez compris, le travail ne fait que commencer. Il appartient aux anciens élèves dans ces moments cruciaux d’être attentifs aux transformations à venir de l’Ecole, non parce que nous en serions les propriétaires mais parce que nous devons lui rendre ce qu’elle nous a apporté.
Bonne lecture !
Daniel Keller
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